Comment proposer son aide en équipe ?

lundi 6 mars 2017, par Charlotte Duroyon

La professionnelle qui se voulait aidante pour sa collègue débordée

" Je m’appelle Géraldine, je travaille en multiaccueil, auprès des enfants. Justine, elle, est chargée de la préparation du repas, de la gestion du linge, elle vient aussi parfois en "renfort" auprès des enfants. J’avais fini ma tâche, et, me tournant vers ma collègue Justine, je l’aperçois alors comme tendue, préoccupée, marmonnant tout bas "pff ! Encore du linge à trier !". Puis je vois Justine s’éloigner. Aussitôt, souhaitant l’aider - puisque je la vois débordée -, je m’empare de sa panière et poursuit son travail. Puis, une fois la panière vide, je retourne auprès des enfants. Quelle ne fut pas ma surprise, le lendemain, lorsque notre reponsable Sandra me "convoqua" dans son bureau ! J’entendis alors, sois-disant (!!!) qu’il serait de bon ton que j’arrête de me mêler de ce qui ne me regarde pas, qu’il serait temps que je laisse Justine tranquille...comme si j’avais mal agi, alors que mon intention était de l’aider !! Comme si, au lieu d’être reconnue dans l’aide que j’ai voulu lui apporter, je l’aurais agressée !"

Ça vous rappelle quelque chose, peut-être ?... ;)

Et si la façon de proposer son aide à sa collègue
était une compétence de communication qui ne demande qu’à se développer ?

Un éclairage

Je vous propose ici un regard possible (parmi d’autres !) sur cette situation.

Quel a été le vécu de chacune ?

Pour Géraldine : elle voulait apporter son aide ; pleine de bonnes intentions, elle a donc fait ce qui lui paraissait utile !

Pour Justine : elle est revenue, trouvant son travail fini alors qu’elle n’avait rien demandé à personne ! Elle a vécu l’initiative de Géraldine comme une intrusion ; elle se dit peut-être que Justine pense d’elle "qu’elle n’assure pas ?" ; et elle se sent privée de la satisfaction d’être allée au bout de sa tâche. Ne sachant comment faire : elle décide de se tourner vers sa responsable pour avoir un éclairage.

Pour Sandra : elle a entendu la perception de Justine : Géraldine est venue faire la tache de Justine, sans que Justine comprenne pourquoi. Par ailleurs Justine lui indique s’être sentie jugée. Elle en comprend qu’il y a un problème de clarté autour de qui fait quoi, bien qu’elle ait déjà reprécisé cela en réunion !!

De ce "mic-mac" on peut comprendre que chacun est pris dans des enjeux relationnels du type triangulaire "sauveur-persécuteur-victime". Comment faire autrement, pour que l’aide soit vraiment perçue comme telle ?

Le levier :

Dans pareilles situations :
Je peux proposer mon aide sans l’imposer, pour exemples :

"puis-je t’aider ?"

"aurais-tu besoin d’aide ? "

"tu veux un coup’d’main ?"

Même si la réponse est non, il importe de respecter ce que ma collègue me dit.
D’ailleurs, cela ne veut pas pour autant dire que la démarche ait été inutile ! Cela a pu être, qui sait, un point d’appui, pour une prise de conscience bienveillante de tensions internes.

Je peux aussi demander à la concernée, comment elle souhaite être aidée : "qu’est ce que je peux faire ?" ; "comment puis-je être utile ? Comment je peux t’aider ?".

Et lorsque c’est moi qui me retrouve "dans le jus" ?...

Si je m’autorise à demander de l’aide, cela permet à quelqu’un de l’équipe de se sentir utile, et cela aiderait d’autres à faire de même lorsque c’est difficile !

Après avoir aidé une collègue, une fois le coup de "rush passé", si cela m’a permis de me sentir particulièrement utile, je peux aussi la remercier d’avoir osé demandé : car finalement, cela n’a-t-il pas rendu service... à chacune ?

Alors...ne nous privons pas de proposer, ni de demander !

Références/sources d’inspiration :

Pascale Molho, in interview de mai 2015, sur radiocnv.fr de Diane Baran.
Equipes rencontrées lors de formations.
Oser travailler heureux, de J Salomé, 2000.

“Charlotte Duroyon”